Un schéma synthétique , une sorte de rapide résumé sur les raisons et la manière basique d’aborder de façon très schématique l’idée de montée de l’énergie dans le cadre de la pratique de Yoga .
Souvent les élèves n’en mesurent pas toujours immédiatement les tenants et les aboutissants. Une façon d’éclairer et de baliser modestement le chemin, d’en comprendre les leviers.
Nous sommes naturellement très loin d’une exhaustivité…
Si vous avez déjà eu l’occasion de faire un stage de Yoga avec Mathieu cela ne fait pas l’ombre d’un doute !
En revanche, si tel n’est pas le cas , je vais tenter de vous éclairer un peu plus sur le sujet. En effet, les enseignants qui dispensent les cours de cette « forme » de Yoga ne sont guère nombreux. A noter que le Kurma n’ est pas une pratique de Yoga supplémentaire parmi la cinquantaine que compte déjà l’univers du Yoga.
Vous pratiquez déjà le Yoga ? Alors, certainement de même que monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, vous devez vous aussi,faire du « KURMA » sans le savoir.
Kurma c’est la tortue, deuxième avatar du Dieu Vishnou dans l’hindouisme. Vishnou représente les principes de permanence, de continuité et de conservation. C’est aussi le dieu qui s’incarne pour protéger les hommes. C’est le dieu du sommeil (Nidra), souvent représenté comme se prélassant sur les flots (ceux de la mer de lait), allongé sur le serpent (Sheshnaga qui n’a ni début, ni fin). La légende raconte qu’à chacun de ses réveils , il engendre une nouvelle création, contemplant ainsi le monde, depuis là .
Le Kurma Yoga revendique ,comme certains autres d’ailleurs, une authenticité. En tous les cas , il apparaît comme faisant assez peu de prosélytisme. La respiration ou l’art du souffle, comme dans toute forme de Yoga qui se respecte y tient également une place de choix, même si l’approche du Pranayama me parait nettement moins poussée que celle du Natha Yoga dont la pratique du souffle constitue la pierre angulaire de la méthode.
Les poussées fondamentales y occupent une place majeure, lors de chaque début de séance c’est par là que l’on démarre systématiquement la pratique.
En quoi consiste cette approche du Yoga ?
Il s’agira avant toute chose : d’essayer de lâcher les tensions (on « essaye » beaucoup en Kurma, le cheminement et la notion d »aller vers » y sont très important). Il est essentiel de bâtir les poussées fondamentales sur un corps parfaitement bien DETENDU , sinon cela produit des nœuds supplémentaires ce qui serait éminemment contre productif, sans intérêt.
Les poussées ainsi que la manière, dans un premier temps dont elles seront effectuées par le pratiquant sera la bonne. A la longue, il s’agira simplement, selon ses propres dispositions et avancées de tenter de les perfectionner un peu plus au fur et à mesure ..suivant son propre rythme, celui du Kurma….c’est celui de la tortue !
Les poussées
Elles rappellent évidemment, celles effectuées par la tortue, pour se mouvoir et avancer. Celle-ci pousse alors l’ensemble de ses membres dans un effort coordonné et simultané, depuis son centre de gravité vers l’extérieur. Il en sera de même pour nous, nous rechercherons en effet à partir d’un point proximal du corps (proche) à aller vers le distal (le point le plus éloigné de notre centre) . Ceci s’effectuera sur des expirations, plus naturel et plus commode.
La Technique à suivre
Commençons par rapprocher les jambes et les genoux , puis aligner les mains le long des cuisses (une sorte de garde à vous allongé ..)
Maintenir la poussée des lombes au sol : reculer pour ce faire le bassin et les lombes vers l’arrière , en opérant ainsi une rétroversion du bassin, tout en continuant à respirer selon la logique :Talon – épaules- épaules- Mains
Procéder ensuite à l’allongement de la nuque , il y a pour cela plusieurs possibilités proposées :
repousser quelque chose de lourd vers le haut avec le sommet du crâne
ou encore reculer la tête en positon plus haute vers le sommet du tapis
Ce sont là, 2 poussées antagonistes que nous venons d’opérer, celles-ci se situent de part et d’autres de l’axe, l’étirant ainsi sur toute sa longueur.
les sphères d’ épaules (ou tête d’épaules) également appelées Triangle de Kali . Nous veillerons à les appuyer puissamment vers le sol , puis les tenter de les faire glisser vers le nombril intérieur sur une descente convergente, on réduit ainsi le cintre des épaules.
les membres inférieurs (jambes- tibia) : Redresser les pieds à la verticale et pousser les talons en direction du mur d’en face sans décoller les lombes du sol…Respirer toujours.
les membres supérieurs (NB : les bras partent du coude jusqu’à l’épaule; les avants bras partent du poignet jusqu’au coude) . Repousser le centre des paumes des mains en direction des talons .
enfin la poussée de la langue : 2 possibilités là encore
Visualiser la photo de quelqu’un (l’heureux élu !) à qui l’on a une forte envie de tirer la langue , coller sur le plan imaginaire sa photo au plafond , puis étirer puissamment la langue à l’extérieur de la bouche ,vers le haut en direction de la photo, de plus en plus puissamment et …de plus en plus loin. La langue stimule l’énergie.
Positionner la langue en Khechari Mudra et l’appuyer fortement vers la partie molle et en arrière du palais.
Toutes ces poussées qui sont au départ désunies, on va les placer dans un premier travail, les unes après les autres…et peu à peu (cela prend du temps), chercher à les réunir (Yoga ) pour avoir le sentiment de ne réaliser plus qu’une seule et même poussée . Croyez – moi , ça ira de mieux en mieux ! …
Maintenir ces 6 poussées, tout en respirant, bien les maintenir en les serrant toujours un peu plus, serrer au niveau des genoux, des talons, veiller bien à allonger le cou (pensez aux tableaux de Picasso !) ,descendez bien les épaules, étirez la langue…!! Encore plus, ce n’est pas assez ! ….
Puis, une fois que nous estimerons les avoir « suffisamment » maintenues (c’est évidement subjectif, ce sera à chacun d’apprécier afin que cela reste supportable tout de même), nous les relâcherons. Le relâchement des 6 poussée s’effectuera sur une seule et lente (si possible !) expiration, comme si tout se relâchait en même temps. Puis, vient ensuite le moment de la détente et de l’observation, celui de la saveur du relâchement.
Si l’on a bien compris et appréhendé la distinction importante entre le JE (le moi qui agit avec une énergie de volonté et de profonde détermination active) et la CA (celui du « ça se fait »…presque tout seul) ,vous aurez sans doute perçu qu’ici c’est bien effectivement le JE qui travaille dans ce premier travail de découverte des poussées… au fil du temps le mieux sera , comme pour toute pratique de Yoga d’ailleurs , de chercher à travailler avec le CA… « ça viendra » vous dirait Mathieu, cela se fera…
Une fois ce premier échauffement entrepris , quelques postures sont ensuite abordées dans le cours de Kurma Yoga , soit en assise, debout ou encore en position allongé toujours sous la bienveillance des poussées qui s’effectuent par groupe de 3 au minimum.
C’est véritablement une autre façon d’aborder les postures, celles ci ne sont pas tenues très longtemps, en tous les cas dans les groupes dans lesquels j’ai participé lors de stages, il est aussi vrai que cette approche particulièrement précise quant au positionnement des membres du squelette et des articulations est assez exigeante si l’on pousse vraiment sur la durée, très intense , même si nous ne sommes pas dans de l’Yengar….
l’Histoire et l’origine du Kurma Yoga ?
Le Kurma Yoga est un yoga du Sud de l’Inde. A l’origine, comme dans tout bon mythe qui se respecte à l’origine se trouve un déluge. Ce déluge indien nous parle d’une pluie torrentielle de lait. Un océan de lait qui aurait enfouit les 31 trésors qui nous étaient destinés, à nous humains. Des trésors extrêmement précieux dont le dernier trésor étant l’Amrita, cette liqueur d’immortalité qui rend invincible. On dit que sans ce déluge nous serions tous immortels..
Parmi ces trésors celui des 6 poussées fondamentales.
Avant ce déluge, les dieux et les démons se faisaient la guerre, une guerre sans merci. Lorsque ce déluge de lait a envahi le monde, les démons étaient sur le point de l’emporter. Les dieux demandèrent une aide à Vishnou, qui imposa une trêve, au cours de laquelle il proposa aux dieux et aux démons de s’allier afin de baratter l’océan de lait et de faire ainsi remonter les trésors perdus. Alors ils déracinèrent la montagne (et oui les dieux et les démons c’est très puissant !!) le mont Mandara afin de s’en servir de pic pour le barattage. Le problème fut que la montagne s’enfonça dans l’océan compromettant de fait le barattage. Vishnou pris alors la décision de descendre sur Terre pour aider de toute sa puissance , les Dieux doivent pour cela s’incarner, il pris alors la forme de de Kurma en guise d’avatar, la tortue géante pour pouvoir se glisser avec la carapace entre le fond de l’océan et la mont et continuer le processus de barattage entrepris.. La carapace servant de support et de fondement pour stabiliser le Mont Mandara….les trésors purent alors émerger..
Ceux-ci se comptent par séries de 6 , il y a donc 5 séries + un Trésor qui à part , unique , inaccessible: le secret de l’immortalité.
Quels sont ces 31 Trésors ?
1- Commençons par explorer les 6 instruments nécessaires à la pratique du Yoga : le corps pris comme conscience, avec l’ensemble des sensations associées ainsi que les 5 Koshas (gaines d’énergie) ; le sol comme résistance incompressible et une extrême nécessité de faire avec dans ce rapport de couple corps-sol ; la gravité autre élément incontournable qui joue un rôle majeur sur le corps et qui l’influence considérablement, ce dernier n’aura de cesse que de lutter contre pour aller vers (en tous les cas sur Terre) avec la dépense d’énergie qui y est associée ; la respiration ; la Conscience (présence à soi , dans l’instant, seul le présent est éternel !) ; et enfin le rôle de la détermination (prise ici comme une énergie de désir qui permet de se transcender dans une forme passive de non agir)
2- Les 6 poussées fondamentales citées plus haut , elles se pratiqueront sur des moments d’expiration
3- Le travail sur les 6 centres , roues, ou encore chakras respiratoires : base, pubis, ventre, cœur, gorge et front permettant 720 niveaux de respiration
4- Les 6 étapes de la montée de la kundalini: en lien avec les étages des 6 centres.
5- Les 6 niveaux de Conscience.
Le premier niveau représente le stade du sommeil profond. Celui dans lequel nous répondons aux stimuli ( le toucher, le son ou la lumière). Toutefois , nos sens demeurent très engourdis et notre degré de perception et de cognition reste très faible.
Le second niveau est celui du rêve. À ce stade, nous sommes légèrement plus alertes et plus conscients qu’au stade précédent. Lorsque nous sommes plongés dans un rêve, nous vivons des expériences, avons avons des pensées. Le monde que nous créons dans nos rêves peut nous apparaître tellement réel qu’il nous faut parfois quelques instants au réveil pour réaliser que nous étions dans un rêve.
Le troisième niveau de conscience représente l’état de veille. Ce stade caractérise tous les moments conscients de notre vie, il représente près des deux tiers du temps, l’activité du cerveau est légèrement supérieure à celle des deux stades précédents.
Le quatrième niveau de conscience se manifeste la plupart du temps lorsque nous méditons, nous faisans ainsi toucher une part de nous même jusqu’ici insondable, c’est le principe de la brèche de conscience, fugace et évanescente. Cela se produit dans des espaces de paix intérieure (méditation..) , lorsque nous sommes tranquilles et silencieux. Nous prenons conscience que nous sommes un témoin, un observateur de notre vie. Nous ne tentons plus de tout contrôler. Nous devenons attentifs à tout ce qui nous entoure et nous ouvrons ainsi une porte (brèche de conscience) sur notre moi véritable, notre conscience du Soi s’élargit. Le niveau de stress et celui notre pression artérielle baissent , notre système immunitaire se renforce. Lorsque nous faisons cette expérience , notre activité cérébrale est alors bien différente de celle de l’état de veille.
Le cinquième niveau est qualifié de conscience cosmique, celui dans lequel notre esprit observe notre corps matériel. Ce stade de conscience est appelé « cosmique » car il représente les deux qualités de la conscience simultanément, ces qualités étant à la fois localisées et non-localisées. Dans cet état, nous nous sentons reliés ( connectés) au grand tout, contrairement à ce qui se produit dans les niveaux inférieurs. Notre intuition s’accroît, de même que notre compréhension du monde. Lorsque nous atteignons ce niveau, nos ondes cérébrales, lors de toutes activités, sont identiques à celles de quelqu’un qui est en méditation.
Le sixième niveau: Ce niveau à atteindre est appelé conscience d’unité. C’est l’état d’illumination ou d’éveil total et permanent .Nous sommes alors connectés à l’intelligence infinie. Dans cet état de conscience, nous voyons le monde comme une extension de notre propre être. Nous ne percevons plus le «moi» et le «eux», nous transformons le moi personnel en moi universel. C’est celui des grands sages.
6- Le dernier trésor et le seul Trésor UNIQUE qui n’est raccroché à aucun autre : L’Amrita : inaccessible pour nous
Si l’on reprend cette symbolique du barattage de la mer de lait de cette légende du Kurma Yoga , elle correspond à la Sadhana, pratique intense de Yoga, qui une fois effectuée selon une durée fixée à l’avance est sensée opérer et favoriser une profonde transformation intérieure de l’adepte (processus alchimique des barattages de nos énergies) . C’est un travail long, exigeant, parfois répétitif avant d’être parfaitement intégré, lent et progressif, mais dont les progrès seront au rendez-vous et les fruits récoltés pour celui qui suivra patiemment et obstinément le chemin, la voie.
Il est dit que toutefois , les 6 premières poussées devront être « parfaitement » maîtrisées avant de pouvoir aborder les 6 trésors suivants . Il en est ainsi pour chacun des niveaux…Patience et longueur de temps dit le proverbe…et pendant ce temps le travail s’opère par tous les moyens ..le mental continue à s’user un peu plus …favorisant ainsi le processus de ce long travail d’érosion de nos pensées parasites, travail déjà entamé dés le début.
Nous voyons là toute la subtilité de cette approche….au long cours.