Qu’est-ce que la Māyā ?

La Māyā est ce que l’on appelle en sanskrit, le voile de  l’illusion.

Mais qu’est-ce l’illusion au juste ?

Je n’ai pas toujours saisi de prime abord, lorsque notre enseignant nous exposait cette notion, la signification concrète de ce que représentait l « ’illusion » dans ce monde occidental dans lequel j’évolue et j’ai grandi. Puis peu à peu à force de pratiques, de lectures, et surtout d’observation de mon propre fonctionnement, les choses se sont éclaircies, et je suis en mesure d’affirmer  de façon plus précise  ce qu’elle évoque : l’être  totalement identifié à son masque et à son personnage.

Quel est donc ce personnage ?

Ce personnage ou persona est l’être « conditionné » qui croit que tout ce qu’il pense, représente la stricte vérité.

Pourquoi l’être est-il conditionné, alors qu’il se croit libre de choisir et de décider librement ?

L’erreur est très ancienne, déjà dans notre éducation sociétale, Descartes évoquait dès le XVII ème siècle dans ses écrits : « Je pense DONC je suis…. » là est une profonde erreur originelle de l’identification à ses nos propres pensées. Nous pensons exister parce que nous pensons, celui qui pense existe, telle une signification inductive. Faux et archi faux !  Nous sommes bien autre chose que seulement cela.

Qui pense ?  Le mental pense, l’intellect raisonne, ceci n’est évidemment pas blâmable en soi et nous est parfois bien nécessaire pour éclaircir des situations et exécuter des tâches de l’ordre du raisonnement,  doit-on pour autant ériger le mental en un Dieu tout puissant ?

Nos sens intuitifs mieux affûtés, sont plus connectés à notre Être profond, et apparaissent bien plus fiables, pour autant, l’ accès est souvent empêché par le filtre de notre Conscience, qui pour des questions de morale, de peur ou encore de crainte ne l’autorise pas (cf: la censure intérieure).

C’est bien ce voile auparavant décrit qui nous empêche de voir la réalité telle qu’elle est, de voir l’Être pur que nous sommes vraiment lorsque tous nos conditionnements sont mis à mal.

Le conditionnement sociétal

Nous venons au monde et nous naissons dans des structures biologiques déjà conditionnées ( cf :notre Karma)  ces structures n’ont aucune conscience du Soi.

Nous inscrivons alors de fait nos vies dans la Matrice, dans le schéma imposé de l’ordre qui nous apparait comme « normal », nous inscrivant dans la « logique » de la société, comme la route à suivre, car tout nous pousse tellement vers cela. Nous estimons à travers notre personnage,  qu’il nous faut survivre, nous insérer, nous intégrer…être accepté, pour exister dans ce monde.

Effectivement, si  je ne m’inscrits pas dans un tel schéma alors je pense que je risque l’exclusion, le rejet  du groupe d’appartenance, et je me  retrouverai marginalisé,  les autres me faisant vite comprendre que je dérange, faisant désordre, car perturbant l’ordre établi, je serai exclu,  et ne serai donc plus reconnu et ni aimé.

Cette situation reste très difficilement acceptable pour le personnage que j’incarne, qui recherche une sécurité d’ordre  affectif au sein d’un groupe social, c’est là que tous nos conditionnements se mettent alors en œuvre comme par soudain réflexe de survie de notre ego (le petit moi ou moi personnel) , pour se faire simplement accepter, malgré le Soi ! (le grand Moi ou Etre véritable)

L’assujettissement des individus s’inscrit alors en toile de fond, sournoisement et passivement ; ils finissent par vivre une vie en pilotage auto puis par mourir dans de grandes souffrances à la fin lorsque l’on s’aperçoit que l’on est passé finalement à côté de sa vie au moment du grand bilan. Tel n’est pourtant pas le véritable chemin de la Vie, qui doit servir à autre chose qu’à cela. La vie doit permettre à l’Être de déployer, telle une fleur qui s’ouvre pour capter l’énergie de la lumière,  de trouver sa véritable nature, d’expérimenter, d’explorer, et pas uniquement de subir en permanence, en être fataliste et déresponsabilisé de son sort.

Pourquoi souffrons –nous ?

Nous ne comprenons pas toujours par quel mécanisme nous créons de la souffrance et nous n’en sommes généralement pas pleinement conscients. Nous sommes d’une façon naturelle, très attachés au monde manifesté (matériel) et de fait sujet à une souffrance permanente. Vous n’en n’êtes pas totalement convaincus ?  Observer ceci :

– Si  je n’obtiens pas ce que je désire : je souffre

– Si j’obtiens ce que je ne désire pas : je souffre

– et même si j’obtiens EXACTEMENT ce que je veux : eh bien je souffre encore car je  ne pourrai pas le conserver éternellement…

Le piège de notre Conscience : lorsque le Moi devient ma prison

Ce mental omnipotent (parce que nous lui en laissons aussi la place ! ) est un labyrinthe, un piège de la Conscience et au final une prison qui nous entrave plus qu’il ne nous libère. Nous sommes sans arrêt en prise avec des choix cornéliens qui nous tiraillent et nous laissent dans une dualité perpétuelle, des oscillations et nous finissons par nous retrouver fragmentés, tiraillés, décentrés, entraînés dans un profond mal être.

Où que j’aille de toute façon je ne suis JAMAIS libre , car je suis ma prison. C’est le fruit de notre sacro-saint intellect !

Tentatives de solutions

Que faire ? Comment s’y prendre ? 

Pas si simple d’apporter une solution à cette question en quelques mots, il n’existe aucune solution miracle, simplement quelques premières pistes possibles à entreprendre pour se mettre en marche.

– Sortir de cette oscillation mentale permanente en acceptant enfin la réalité telle qu’elle est, comme elle se présente, sans résistance au regard de ce qu’il se produit. Ne rien vouloir, ne rien désirer, juste ACCEPTER qu’il en soit ainsi !  La résistance est ce qui crée de la souffrance. Dans un monde matériel si je ne recherche qu’à posséder, là encore c’est faire fausse route car je ne possède rien durablement et je devrai tout rendre à un moment ou un autre. Vouloir  n’est pas la solution, cesser de s’identifier à des choses purement matérielles : mon, ma etc ….. JE NE POSSEDE RIEN QUI NE SOIT DURABLE !

Ressentir la présence du Soi au plus profond de son Être, cela passe par les sensations, par le souffle, par  la réalisation de l’Être qui vibre à l’intérieur , le laisser sortir, lui laisser la place d’exister, indépendamment des conventions et du « qu’en dira-t-on ? ».

Réaliser également  le « vide » autour de Soi, faire le vide, le calme n’est pas opposé au mouvement. Prendre aussi quelques instants pour se poser, en assise , les yeux fermés, observer les choses qui changent en nous, ainsi que celles qui ne changent pas en Soi.

Laisser partir le Soi conditionné et accueillir de toute sa puissance et depuis son plus profond ressenti, l’énergie interne, consciente, intelligente, toujours disponible, qui veut notre bien : le prana.

– Lâcher ses résistances pour réaliser sa réalité intérieure, cesser la lutte, s’abandonner au Soi, Intégrer que ma réalité intérieure ne dépend d’aucun contingent extérieur, mais UNIQUEMENT DE MOI.

« Lutter pour avoir la paix, c’est comme crier pour obtenir le silence ! »

En luttant, on obtient au final encore plus de ce que l’on ne voulait pas. En tant qu’être humain, nous peinons au cours de notre vie pour nous constituer un avenir qui n’arrivera jamais….et puis un jour arrive l’heure de mourir !

Élargir un peu plus son champ de conscience, s’ouvrir à plus grand que la simple petite personne qui vit étriquée dans son armure corporelle. Nous possédons à un niveau global, mondial une formidable puissance, qui détient même le potentiel d’aller jusqu’à tout détruire (la force de nos arsenaux militaires), mais nous ne possédons pour autant pas la sagesse suffisante pour l’utiliser ! Nous ne comprenons pas bien l’outil que nous utilisons et ses conséquences. Ce constat vaut tout autant pour l’être que nous sommes, nos intentions humaines restent fréquemment sous le joug de la toute puissance de nos énergies, mal ou non canalisées. Le monde intérieur est bien le seul endroit où la Révolution doit se produire en tout premier lieu.

« Tout ce à quoi vous résistez : persiste ! »

 Effectuer sa Révolution intérieure. Il faut pour devenir plus libre être prêt à payer un certain tribu de sa personne, rien ne vous sera donné sans effort ; pour changer son monde intérieur,  il faut également être prêt à changer son monde extérieur, reconsidérer ses habitudes,  ses repères, sa zone de confort et se mettre en « danger » d’une certaine manière, mobilisant ainsi tous nos potentiels d’éveil disponibles endormis dans des vies trop bien réglées . Pourquoi au juste ?, pour quelle(s)  sécurité(s) ?  La seule certitude reste celle d’arriver sur la ligne d’arrivée tôt ou tard, plus ou moins vite.

Quelle course veux-tu courir ?

Qui es-tu ? t’es-tu déjà seulement un jour posé cette question ?

1 commentaire

  1. Bonjour. J’ai consulté cette page pour avoir le sens du mot Maya, car je voudrais écrire une discussion à ce propos. Merci. Je le ferai prochainement sur un blog que je viens de commencer : http://friscan.eklablog.com
    D’autre part, je suis d’accord avec la sentence de Descartes: « Je pense, donc, je suis », car même si nous sommes bien plus que le « je suis » terrestre, le fait de penser implique une individualité, une fonction liée à la liberté – alors que les animaux ont un instinct par lequel est mené leur vie – les hommes ont la possibilité du choix, de l’acceptation ou du refus, du sens critique et c’est par la pensée que nous pouvons comprendre que nous avons un moi supérieur auquel nous pouvons avoir accès par la méditation, l’intuition ou l’imagination.

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